PODCAST : PLAN B

On ne sait pas trop quand la scène du podcast français est apparue. Mais plus le temps file, plus il conviendra de dire que Plan B était là au début. A l’aube des années 2010, à une époque où le terme Geek devenait acceptable, quatre hommes avancent à visage découvert et décident de prendre la parole pour crier tout leur amour pour ces passions geeks hier inavouables : les MMO, Star Wars, le jeu de rôle, les comics, le cinéma fantastique, Star Trek, les robots, l’esport, Warhammer, Windows Phone, Le Seigneur des Anneaux,  l’astronomie, Alien. Tous ces sujets hier conspués et moqués méritaient d’être disséqués par ceux qui les aiment. Avec de l’humour, une franche camaraderie, des jingles qui ne partent pas toujours au bon moment, des invités qui déboîtent, et des souvenirs de fous rires qui restent gravés.

Aujourd’hui, il est de bon ton d’avoir lu les Comics dont sont tirés les films Marvel. Il est bien vu d’avoir décortiqué Le Seigneur des Anneaux avant de se fader les trois épisodes du Hobbit. Il est fascinant d’avoir pu être acteur de l’évolution de l’informatique depuis ses débuts. Il est sexy d’avoir pu voir l’épisode 5 de Star Wars au cinéma alors que le 9 est en production. Ces privilèges de “vieux” ne sont en fait qu’autant de preuves d’une indéfectible foi -dans les années 80/90- dans des passions honteuses et sans avenir, qui par des concours de circonstances invraisemblables, se retrouvent 30 ans plus tard soit à l’origine, soit inspiratrices de toute la culture mainstream et désormais “geek” de notre siècle.

Pour cette raison, pour avoir été là à ce moment et avoir poursuivi leurs idéaux, pour avoir cru en leur flair contre la volonté de tous, pour avoir tenu le cap dans l’obscurité, il est facile  de trouver les membres de Plan B aujourd’hui rayonnants et fascinants. Le public aurait tôt fait, évidemment, de les assimiler à d’avenantes divinités venues sur Terre pour nous éduquer de leur Lumière. Il leur aurait été aisé -ce que leur avait proposé les principaux gouvernements de la Terre- de se contenter de parcourir notre monde et de se reproduire avec une sélection des plus belles femmes de la planète afin de permettre la naissance d’une nouvelle génération de geeks parfaits. Mais -et leur humilité les honore- ces futilités ne les intéressaient pas.

Les mecs de Plan B ont préféré faire un podcast. Avec ses soucis techniques, ses épisodes disparus, sa post prod’ et ses bruits de capsule de bière parasites. Pour que quoi qu’il arrive, l’image d’une époque reste gravée à tout jamais dans les Good vibrations sonores des années 2010. Pour que pour toujours et partout, un jeune geek mal-aimé se dise en les écoutant que ses passions aujourd’hui conspuées seront peut être les sujets référents de demain. Oui c’est ça Plan B : 4 hommes au grand cœur, prêt à tout donner pendant 1, 2, 8 heures, pour partager une passion. Des hommes avec leurs qualités et leurs défauts, qui les rendent si attachants, et un véritable sens du lâché de micro dès qu’ils ont un invité ; ils savent s’effacer avec tact et une véritable désinvolture toute journalistique et professionnelle pour faire briller un jeune amateur de Star Trek, ou un néophyte du web 2.0 qui veut parler de son webzine sur le ciné SF.  C’est ça la force de Plan B : savoir mêler de vraies piqûres de culture à un flot de joutes verbales douteuses et de vannes avortées.